Tous les articles par Alexis Lévrier

Le dessous des images: Président, un corps à la loupe

Le 1er février 2023, Alexis Lévrier était l’invité de Sonia Devillers dans le cadre de l’émission “Le dessous des images” sur Arte. Ce numéro était intitulé: “Président, un corps à la loupe”.

Regarder l’émission.

“Sur le tarmac d’un aéroport, le président Joe Biden peine à enfiler sa veste. Cette séquence, filmée par les médias qui suivent la Maison-Blanche, a beaucoup circulé. Pourquoi scrutons-nous les corps de nos dirigeants ? Depuis quand la santé des chefs d’État est-elle considérée comme une affaire d’image ?

Le photographe de l’Agence France-Presse, Jim Watson, présent ce jour-là, raconte le contexte de cette vidéo.

L’historien du journalisme Alexis Lévrier nous explique comment les chefs d’État tentent de contrôler ces images, face auxquelles les médias sont ambivalents.”

“SMS, déjeuners, amitiés : le off peut-il tuer le journalisme politique ?”

Le 2 février 2023, Alexis Lévrier était l’invité de l’émission “Sans oser le demander”, sur France Culture, pour débattre du “off” en politique, et plus généralement des relations entre journalistes et présidents de la République.

Écouter l’émission.

Le “off”, c’est cette discussion informelle entre responsables politiques et journalistes. Pratique courante, elle est aussi critiquée… ravages, dérives, le “off” rendrait suspect toute publication politique. Mais pourquoi ?

Avec

“Dérive”, “connivence”, “dépendance”… depuis le mardi 17 janvier 2023 et la sortie dans les médias d’un déjeuner entre des journalistes et Emmanuel Macron à l’Elysée, on n’en finit pas de critiquer le “off”.
Cette discussion informelle et anonyme entre presse et pouvoir n’est pourtant pas nouvelle. Mais elle continue d’interroger : comment distinguer la connivence de l’enquête ? Proximité et promiscuité ? Et bien sûr, information et communication ? Tout journaliste qui pratiquerait le off serait-il forcément complice du pouvoir ?

Sons diffusés :

  • Mix de Louise André avec : un discours de Charles de Gaulle, 14/06/1960 ; témoignage de deux Français qui reçoivent Valéry Giscard d’Estaing à dîner dans l’émission de télévision Devine qui vient dîner, 1975 ; archive de François Mitterrand, 03/1993 ; archive de François Hollande, 04/2013 ; chanson de Marc Perrone, Esperanza
  • Archive des vœux à la presse d’Emmanuel Macron, janvier 2018
  • Archive d’Olivier Bost durant les vœux à la presse d’Emmanuel Macron, janvier 2020
  • Chanson de Jean-Pierre Ferland, Les journalistes
  • Archive du journaliste Laurent Joffrin durant les vœux à la presse de Nicolas Sarkozy, 8/01/2008
  • Archive de François Hollande dans une émission Europe 1 sur la sortie du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça, 3/05/2018
  • Chanson de Public Enemy, A letter to the New York Post

Bibliographie :

Crédits: On enquête ou on déjeune ? ©Getty – CSA-Printstock

Concentration des médias : la qualité de l’information en péril

 

Alexis Lévrier était l’invité de la matinale de France Culture, le 13 juillet 2022, pour débattre avec Nathalie Sonnac de l’évolution du paysage médiatique français.

Écouter le podcast de l’émission

Le paysage médiatique français est en pleine recomposition, et ce n’est pas sans poser de questions. Nos invités, Nathalie Sonnac et Alexis Lévrier, nous aident à comprendre les mécanismes de la concentration des médias et les tentatives pour la réguler.
Avec
• Alexis Lévrier Chercheur spécialiste de l’histoire du journalisme
• Nathalie Sonnac Professeure en sciences de l’information et de la communication, spécialiste en économie des médias et du numérique, ex-membre du CSA

Le nouveau projet de rachat par le groupe Bolloré de Hachette et Editis, et leur fusion est en discussion en ce moment à la direction de la Concurrence de la commission européenne. Une proposition de rachat qui inquiète et crée la polémique en France : ce rachat serait une pierre de plus à l’édifice que Bolloré s’est construit dans le paysage médiatique français, après le rachat d’Europe 1 l’année dernière et d’I-télé, devenue CNEWS en 2017. Ces rachats ne sont pas les seuls bouleversements que connaît le secteur : le projet récent de fusion entre M6 et TF1, ainsi que l’irruption il y a quelques années des mastodontes des GAFA sont autant de signes d’une recomposition. Pourtant, il semble que l’appareil législatif se soit peu adapté à ces nouvelles donnes… Comment réguler ce secteur ? Quels sont les effets de la concentration des médias sur la teneur du débat public ?
Pour Nathalie Sonnac, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas et ancienne membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le secteur médiatique “manque cruellement d’industrie, il souffre de ne pas avoir été considéré comme une industrie. On l’a toujours considéré comme une industrie entièrement à part, parce que l’information est un bien commun, nous sommes tous d’accord, et elle doit être protégée. L’information de qualité coûte cher, on a besoin de beaucoup d’argent pour que des journalistes puissent faire leur travail en toute indépendance, en prenant du temps”.
Alexis Lévrier, maître de conférences à l’Université de Reims et chercheur associé au Celsa, spécialiste de l’histoire du journalisme, explique que le phénomène de concentration de plusieurs médias n’est peut-être pas une solution suffisante pour lutter contre les grandes plateformes : “Une des erreurs d’Emmanuel Macron, c’est de considérer qu’il faut construire de ‘grands champions’ pour rivaliser avec les GAFA. Mais ce n’est pas en réunissant tout l’audiovisuel public, ou privé (avec la fusion de TF1 et M6) que l’on pourra faire échec aux plateformes des GAFA. Il faut qu’il y ait une régulation politique”.
Sur la réforme de l’audiovisuel public, Alexis Lévrier estime qu'”il est légitime de repenser la redevance et son paiement. Le problème, c’est qu’on envisage la suppression de la redevance sans clairement proposer d’alternative. Quand elle passera dans le budget global, elle sera sûrement revue à la baisse. Le risque principal, c’est qu’il y ait des pressions financières tous les ans sur le contenu, sur le travail des rédactions”.

Territoires, communautés, appartenances : la question de l’identité dans les « spectateurs » (Édimbourg, 16 juillet 2019)

Le Club de « Mr Spectator » (illustration pour l’édition en volumes de 1788)

Cette journée d’études s’inscrira dans le cadre du 15ème Congrès de la SIEDS qui se tiendra à Édimbourg du 14 au 19 juillet 2019, et dont la thématique sera « Lumières et identités ». Organisée par Klaus Ertler (Prof. à l’Université de Graz) et Alexis Lévrier (MCF à l’Université de Reims, CRIMEL), cette journée donnera lieu à un ouvrage publié aux éditions Peter Lang, dans la collection « Die Aufklärung in der Romania ».

Cette journée viendra prolonger les ateliers et les tables rondes consacrés aux études spectatoriales lors des Congrès des Lumières de Graz (en 2011) et de Rotterdam (en 2015), puis lors des rencontres de Düsseldorf (2016), de Graz (2017) et de Paris (2018). La thématique du Congrès d’Édimbourg se prête en outre particulièrement bien à une réflexion sur la tradition spectatoriale. La question de l’identité est en effet centrale dans les centaines de « spectateurs » publiés en Europe et dans le monde au cours du siècle des Lumières. L’expansion rapide de ce phénomène journalistique, qui déborde au bout de quelques semaines l’Angleterre et finit par toucher l’ensemble du continent, est en effet révélatrice du développement d’une culture et même d’un sentiment européens. Beaucoup d’auteurs de « spectateurs » revendiquent même leur cosmopolitisme et se définissent volontiers comme des « citoyens du monde ». Mais dans le même temps, le succès mondial des « spectateurs » est inséparable de l’affirmation d’identités locales et nationales particulièrement fortes : dans chaque ville où le modèle du Spectator est imité, il est adapté à ce nouveau contexte et devient même, dans bien des cas, le prétexte à la revendication d’une culture et d’une langue spécifiques.

À cette question de l’identité collective s’ajoutent, dans nombre de « spectateurs », des questionnements et des revendications plus individuels. Certes, dans le périodique fondé par Joseph Addison et Richard Steele, « Mr Spectator » servait surtout de point focal, et n’était doté que de caractéristiques physiques et psychologiques très abstraites. Mais, en Angleterre comme sur le continent, les successeurs des deux journalistes anglais choisiront souvent de donner la parole à des énonciateurs beaucoup plus incarnés, qui feront de leur identité (sociale, culturelle ou sexuelle) la matière même de leurs réflexions. Continuer la lecture de Territoires, communautés, appartenances : la question de l’identité dans les « spectateurs » (Édimbourg, 16 juillet 2019)